Magazine Lumière – Octobre 98
Par Isabelle David
Si quelqu’un dans la rue vous interpelle en vous disant : “tu n’es qu’un imbécile, tu ne comprends jamais rien à rien. Il n’y a rien à faire avec toi.” Vous vous demanderez sûrement si il n’est pas drogué, soûl, malade ou sénile. Aucun personne “saine d’esprit” n’oserait dire ce genre de chose à un étranger. Par contre, cette même phrase dite par votre patron, et hop ! vous embarquez dans des représentations mentales et dans une série d’émotions négatives. Peut-être vous penserez : ” oh! oh!, je risque de perdre mon emploi”, ou bien “c’est vrai, c’est mon erreur, je suis un incompétent”, ou bien vous exprimerez de la révolte : “c’est pas vrai, c’est de sa faute”. Tous des énoncés parfaits pour perturber la paix intérieure!
Et que dire de la même phrase prononcée par vos parents, lorsque vous aviez six ans. En bon enfant que vous étiez, vous avez écouté ce que vos parents vous ont dit, et comme, pour la majorité d’entre nous, vous avez probablement fait ce qu’il fallait pour leur donner raison, même sans vous en rendre compte et sans le souhaiter.
Combien de fois j’ai rencontré des jeunes vivant des problématiques difficiles, m’avouer qu’ils s’étaient fait dire par leurs parents qu’ils étaient des incapables, des “pas bons”, des “moins que rien”. Et bien, ils l’ont cru car ils le sont devenus. Ce que les êtres près de nous transmettent par la parole, nous influence qu’on le veuille ou non.
En travaillant avec des détenus en milieu carcéral, je me suis également rendue compte du désastre émotif causé par l’influence négative des mots entendus au cours de l’enfance : “si tu continues comme ça, tu finiras par te retrouver en prison”, “tu n’es bon qu’à causer des problèmes”. Et ce ne sont là que de maigres exemples de ce qu’ils ont entendu. La plupart du temps, les expressions réellement utilisée par les parents tiennent du cauchemar et seraient censurées à n’importe quelle chaîne télévisée. Ça ne pourrait pas passer à la télévision, mais ça se dit à la maison.
Saviez-vous qu’avant l’âge de 18 ans, nos enfants ont entendu plus de 18 000 mots négatifs. Et d’après les études de Jack Canfield, spécialiste en estime de soi dans les écoles, un enfant d’âge scolaire reçoit en moyenne 460 commentaires négatifs ou critiques par jour contre seulement 75 commentaires positifs supportants. De plus, un adolescent moyen aura déjà vu plus de 40 000 meurtres et 200 000 actes de violence à la télévision avant de devenir adulte. Il n’est pas surprenant qu’avec tant de paroles chargées négativement, que nous développions des problèmes d’estime de soi, sans compter les autres…
Avec tant de mots toxiques en circulation, nous avons tous une responsabilité langagière envers les autres êtres humains. Etant donné que nous communiquons par la parole, pourquoi ne pas la rendre encore plus efficace et constructive ? Pourquoi ne pas utiliser des mots qui nous valorisent, nous stimulent et nous mènent au succès ? Pourquoi ne pas éliminer totalement de notre vocabulaire les mots toxiques, c’est-à-dire ceux qui nous tuent à petit feux. Nous communiquons verbalement tous les jours, alors pourquoi ne pas utiliser consciemment un vocabulaire enrichissant pour nous et qui affecte positivement tous les êtres que nous côtoyons ?
Soyons à l’écoute des mots que nous prononçons. Remarquons leur impact négatif, neutre ou positif sur nous et nos pairs. En choisissant judicieusement les mots que nous utilisons, nous pouvons transformer notre vie. Nous changeons ainsi nos croyances et schémas ancestraux. Cela nous permet de changer l’image de nous, qui est reflétée au monde extérieur, tout en changeant notre représentation du monde intérieur.
Et pourquoi ne pas faire comme l’a déjà expérimenté l’acteur Gérard Depardieu : “Quand j’ai commencé à répéter les mots que je désirais, j’ai ressenti les émotions qui leur correspondaient”. Ainsi nous pourrons fermer les oreilles aux mots toxiques et ouvrir la bouche au langage dynamisant.
Isabelle David
Maître Enseignant Certifié en PNL