Edgar Morin connaîtrait-il l’AïkiCom ? Au-delà de cette boutade je ne résiste pas à l’idée de parcourir ces savoirs fondamentaux de l’homme du futur qu’Edgar Morin a défini à partir des lacunes constatées de nos systèmes d’enseignement.
- Les cécités de la connaissance : l’erreur et l’illusion sont des processus permanents qui parasitent le comportement, l’esprit humain et la société. Il s’agit d’armer chaque esprit dans le combat vital pour la lucidité.
L’AïkiCom apporte la dimension martiale pour ce combat permanent contre nos biais cognitifs. D’abord par la prise de conscience du centre somatique et de son rôle complémentaire avec le centre cognitif. Ensuite par l’état de présence large, le regard défocalisé qui permettent d’appréhender la réalité observée sans tension superflue en laissant le temps de la résonance corporelle. - Les principes d’une connaissance pertinente : Il s’agit de remplacer une pensée qui sépare et qui réduit par une pensée qui distingue et qui relie.
L’attitude Aïki met en avant la nécessaire perception de ce qui nous unit, nous rassemble plutôt que ce qui nous sépare. L’autre est lié à moi et le travail aïki consiste à réduire la distance pour créer une dynamique synergétique. Cette connaissance pertinente ne peut être uniquement cognitive, elle fait appel à toute l’expérience engrammée dans notre corps, le fruit de l’évolution de l’Homme depuis qu’il est homme. - Enseigner la condition humaine qui débouche sur la prise de connaissance, donc la conscience, de la condition commune à tous les humains et de la très riche et nécessaire diversité des individus, des peuples, des cultures et par conséquent de notre enracinement comme citoyens de la Terre.
C’est la grande famille qu’évoque le fondateur de l’aïkido Morihei Ueshiba. Cette prise de conscience amène à plus de tolérance et surtout à ce sentiment puissant d’inutilité du combat quand tant d’autres options s’offrent à nous. La connaissance pertinente qui relie alliée à la condition de notre condition commune d’être humain ne gomme pas notre identité, notre caractère d’être unique. Au contraire il le magnifie en le connectant à notre humanité. - Enseigner l’identité terrienne : civiliser et solidariser la Terre, transformer l’espèce humaine en véritable humanité nous conduisant à une solidarité, à une écoute, de chacun à chacun, de tous à tous. Démarche indispensable à la survie de l’humanité. L’AïkiCom nous invite à vivre par le corps, le mouvement et le centrage des êtres vrais agissant dans le sens d’une plus grande harmonie et de bienveillance sans oublier que pour qu’il y ait vraie écoute il est nécessaire de contribuer à créer une relation ou chacun peut se sentir respecté, même dans le désaccord.
- Affronter les incertitudes : s’attendre à l’inattendu, à l’improbable, sources de progrès. C’est le principe même du randori aïki.
L’AïkiCom s’applique dans l’instant. La verticalité, la présence au monde nous invite à “être au monde” en évitant les tensions inévitables qui naissent lorsque nous vivons de manière engourdie et que soudain nous sommes surpris par un événement que l’on aurait détecté plus tôt. - Enseigner la compréhension de soi, de l’autre : réduire l’égocentrisme et l’indifférence, acquérir l’esprit de tolérance sont les bases de l’éducation pour la paix.
Pas de commentaire, c’est le fondement même d’une pratique Aïki. - L’éthique du genre humain : l’éthique doit se former dans les esprits à partir de la conscience que l’humain est à la fois individu, partie de la société, partie d’une espèce.
L’AïkiCom se distingue sans doute de la plupart des autres approches de communication par le fait même de nous inviter à vivre dans nos pensées mais surtout dans nos gestes cette éthique que proposait le fondateur de l’aïkido, Morihei Ueshiba. Bienveillance, respect, transformation du conflit sans volonté de vaincre mais bien de grandir ensemble, une éthique que l’on retrouve dans de nombreuses spiritualités mais dont l’AïkiCom se distingue en n’apportant pas de solution toute faite.
Référence: Les Sept Savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Edgar Morin, Seuil