Au début d’une relation, on avance avec prudence. Quelles sont limites que je ne dois pas dépasser ? Que doit-on faire ensemble ou pas? A-t-elle envie que je l’accompagne ? Passera-t-on Noël dans sa famille ou dans la mienne?
On évolue à tâtons un peu comme ce jeu pour enfant où l’on tient une tige se terminant par un anneau métallique que l’on doit déplacer d’un bout à l’autre d’un fil métallique plié de manière compliquée et connecté à une sonnerie. Au début le parcours est facile, il suffit d’avancer. Puis cela se complique et les contorsions commencent jusqu’à l’inévitable sonnerie, le buzz qui nous indique que nous avons passé la limite.
Parfois la sonnerie retentit après coup.
“Je croyais que c’était bon pour toi si je ne t’accompagnais pas”
“Je pensais que tu aimais ce genre de film?”
Non seulement nous ne demandons pas à l’autre ce dont il a envie mais en plus nous n’exprimons ce que nous croyons avoir deviné.
Un peu comme si cela relevait de l’évidence. La vie est faite d’une multitude de détails. Autant de choses qui peuvent être reçues plus ou moins bien.
Au début, nous filtrons et ne retenons que ce qui nous plait. On passe déjà si peu de temps ensemble!
Puis, avec le temps, ces petites choses, ces détails changent de nature pour devenir des agaceries. Un exemple devenu mythique? Le tube de dentifrice!
Pourtant tout était là depuis le premier jour, depuis le premier sourire, le tube de la discorde, celui par qui tout peut basculer et nous ramener dans la dure réalité des choses.
S’il est clair que l’on ne peut pas tout dire, tout demander et faire de chaque détail de la vie un point à l’ordre du jour, il reste à développer cette sensibilité personnelle, dans la connexion à l’autre, qui nous fait détecter ce moment subtil de la bascule.
note: le tube est une image tirée du livre “Agacements” de Jean-Claude Kaufmann à lire avec plaisir