Education – Éviter la spirale de la violence avec les enfants
AïkiCom et résistance non violente
Quand les mots ne suffisent plus et que la violence transforme la maison en un champ de bataille, que faire lorsqu’un enfant refuse l’autorité des parents et veut agir comme bon lui semble au grand dam de ses parents.
Cette question est particulière aigüe avec les adolescents. Ceux-ci sont en recherche d’eux-mêmes et sont convaincus que cela passe par la mise à l’écart des parents. « C’est ma vie », « Laisse-moi tranquille, je gère », « Arrête de me contrôler, je n’ai plus six ans! »
La période de l’autorité traditionnelle n’est plus depuis longtemps. La mode de l’enfant-roi, ou tout lui est permis et où chaque action est valorisée (« tu as vu, il désobéit, quelle preuve de volonté et de caractère ») a montré ses limites.
Dans le conflit avec l’ado, la situation peut très vite dégénérer en affrontement. Le parents seront alors tentés d’user de l’autorité que leur octroie leur rôle. L’ado réagira en passant de l’opposition à la rébellion et le ton montera jusqu’à un point où, tantôt par peur des conséquences, tantôt par épuisement, le parent cèdera, montrant ainsi à l’ado que la violence permet d’obtenir ce qu’il veut. Au prochain conflit, les parents cèderont plus vite au chantage et achèteront le calme en réponse au comportement extrême de l’ado en faisant des concessions qui seront perçues par l’ado comme la preuve qu’ils sont trop faibles pour s’opposer à ses menaces.
Pour éviter cette escalade de la violence beaucoup de parents croient en la puissance de la parole, de l’explication, de l’argumentation verbale voire de la prière. Dans les moments les plus agressifs, la parole engendre l’opposé de l’apaisement. La logorrhée parentale démontre à l’ado que le parent n’est pas prêt à agir et qu’il peut dès lors continuer d’agir comme il lui plait. La persuasion verbale peut porter ses fruits si elle ne fait que masquer le besoin d’une vraie lutte.
L’AïkiCom est l’application d’un principe fondamental de l’aïkido: se défendre sans être blessé, ni blesser l’autre. Il ne s’agit donc pas de fuir le combat, ni de contribuer à son escalade. L’attitude Aïki est une attitude non-violente dans les situations tendues qui vise à désarmer l’agressivité et susciter à générer un effet d’épuisement de la violence par la rencontre d’une opposition fermement non-violente (effet appelé parfois « asymétrie des moyens »).
Face à l’ado en crise violente, le parent opte d’entrer dans la lutte mais de manière non violente, ni verbale ni non-verbale, sans insulte, sans humiliation ni geste violent.
Il vient à l’ado dans une attitude de présence parentale, une présence qui n’est pas égalitaire (le parent n’est pas un ami) et est empreinte d’attention et de surveillance. L’affirmation qui la sous-tend est « Je suis ton parent et je vais le rester. Je ne vais pas céder devant toi ni t’abandonner. »
L’attitude Aïki permet de développer cette qualité de présence non violence. La pratique Aïki permet de développer la force nécessaire pour ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence. Et l’ado n’hésitera pas à user de toutes les stratégies qui ont pour aspirer le parent dans l’escalade qui le poussera à céder, à faire des concessions.
Dans le conflit, l’oppresseur ne peut persister que tant que l’oppressé accepte les règles qui lui sont imposées. On retrouve cette dynamique dans la violence de couple: le mari oppresseur tente de maintenir l’épouse dans l’obéissance totale. Toute volonté de désobéir est sanctionnée par un regain de violence. La résistance non violente utilise la désobéissance pour fissurer la dynamique en place et ainsi ouvrir la porte à de nouveaux possibles en éveillant chez l’oppresseur les parties en lui qui n’adhère pas à cette violence.
Un psychologue israélien, Haim Omer a développé une stratégie éducative de résistance non violente avec les enfants difficiles et agressifs. Le parent prend position de manière claire et non violente face au comportement non toléré et résiste à la tentation de sombrer dans l’escalade.
La pratique de l’AïkiCom vient nous aider à rester présents sans basculer face aux attaques de l’enfant. La résistance non violente s’exprime par le corps plutôt que par les longs monologues explicatifs ou moralisants. Se connecter à l’ado pour lui faire sentir que l’on est là, exprimer son désaccord de manière concise et claire tout en lui faisant sentir le côté indéfectible de la relation bienveillante qui les unit et si nécessaire, postposer toute velléité de sanction à chaud en gardant le silence après avoir annoncé votre désaccord et votre besoin de prendre le temps de la réflexion, autant de pistes permettant de renouer le dialogue et préserver la qualité de la relation parent-enfant.
Références:
Haim Omer La résistance non violente (2008, Ed De Boeck)
Christian Vanhenten, Ne cessez pas d’être gentils, soyez forts (2014, Ed de la Bienveillance)