Le syndrome de l’imposteur n’est rien à côté de celui DES imposteurs !
Tout le monde connait le syndrome de l’imposteur.
Les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur, appelé aussi syndrome de l’autodidacte, expriment une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel. Ces personnes rejettent donc plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail et attribuent le succès de leurs entreprises à des éléments qui leur sont extérieurs (la chance, un travail acharné, leurs relations, des circonstances particulières). Elles se perçoivent souvent comme des dupeurs-nés qui abusent leurs collègues, leurs amis, leurs supérieurs et s’attendent à être démasquées d’un jour à l’autre.
Le syndrome des imposteurs diffère sensiblement du précédent. Il caractérise les situations où une personne compétente dans son activité professionnelle essaie de se faire connaître, mais est noyée dans la masse de l’offre de service équivalente. Cette abondance d’offre est amplifiée par les moyens qu’offre internet de se faire connaître.
Ainsi, une personne maîtrisant les nouvelles technologies (qui ne sont plus vraiment nouvelles) pourra se créer une visibilité exceptionnelle sans pour cela avoir une expertise exceptionnelle. Les chaînes YouTube, les vidéos, les technologies de vente (entonnoir de vente et autres stratégies de vente adaptée au monde du web), la présence sur les réseaux sociaux leur assure un taux de conversion appréciable. Et peu importe s’ils sont efficaces ou non, la masse de clients qu’ils ratissent leur permet d’assurer un revenu confortable. Après, ils appliqueront la même technique pour proposer d’autres services.
Ce sont les imposteurs. Très visibles, ils occultent les artisans, les professionnels efficaces qui n’ont ni la connaissance ni l’envie de s’épandre dans les réseaux sociaux. Leur clientèle ou leur patientèle se construit pas à pas, par le bouche-à-oreille, par une présence discrète par manque de moyens ou de connaissance technique quand ce n’est pas une aversion pour cette dimension technologique qui nous extrait du réel.
Quand ils ont un site internet, il est noyé dans les référencements des moteurs de recherche. Et ne parlons même pas de leur présence sur les réseaux sociaux. Ils ne voient pas comment ils ou elles trouveraient le temps qu’ils ou elles auraient à y perdre.
Et c’est particulièrement vrai dans le domaine du développement et de l’accompagnement, coaching, thérapie ou similaire. Ce domaine en forte croissance est un désert en termes d’évaluation. Les associations de consommateurs n’y mettent pas les pieds tant l’offre est complexe, multiple et ingérable. Il est logique que cette forte demande attire quelques loups en quête de business juteux. Shamans autoproclamés, manipulateurs de chakras, de pierres de couleur, de bols chantants, praticiens énergétiques de tous poils, et j’en passe.
Je connais de nombreuses praticiennes qui excellent dans leur pratique. Dans l’espace Internet, elles sont invisibles enfouies dans les strates qui classent les publications par popularité. Je connais par contre des béotiens qui excellent dans l’art d’imposer leur présence sur les réseaux sociaux et les saturent de publications creuses mais présentées de manière attractive.
La vogue des infopreneurs, ces personnes qui tentent d’échapper au métro-boulot-dodo en s’enrichissant sur le Net en vendant ebooks et autres formations en ligne contribue à la pollution de notre espace internet. Dans certains webinaires, les infopreneurs qui vendent leurs formations aux aspirants infopreneurs n’hésitent pas à leur conseiller de se lancer en leur disant qu’ils n’ont pas besoin de s’y connaître, ils doivent publier, publier, publier. Dans les ruées vers l’or, il n’y a que les vendeurts de pelles qui s’enrichissent.
Et le bon peuple des réseaux sociaux ne sait plus où donner de la tête. Il choisira donc celui ou celle que l’on voit le plus.
Il leur faudra moult échecs avant de comprendre de la volatilité de l’offre de ces bonimenteurs mais il sera trop tard. ils manqueront de temps pour se tourner vers les vrais professionnels, les praticiens qui sont trop occupés pour s’engouffrer dans la foire d’empoigne du marché virtuel.