Dans la pratique Aïki, on a coutume d’appeler celui qui nous attaque, le partenaire plutôt que l’attaquant. Il s’agit pourtant bien d’une attaque, c’est-à-dire d’une action offensive qui a pour but de vaincre, de blesser ou d’infliger une perte.
L’auteur de l’attaque est appelé partenaire car il apporte une action, une énergie qui me permet d’agir dans l’attitude aïki c’est-à-dire dans un processus d’acceptation et de transformation pour transformer l’offense en opportunité de dialogue et de rencontre.
Lorsqu’il s’agit de vivre des émotions – et je pense ici en particulier aux émotions désagréables telles que la peur, la tristesse, la colère – il en va de même. L’émotion est une énergie. Elle peut nous envahir et nous causer un mal considérable voire nous anéantir. Faire de l’émotion est notre partenaire transforme notre manière de la vivre.
Tout d’abord, cela nous dissocie de l’émotion. Si l’émotion est mon partenaire, l’émotion n’est pas moi ou plutôt, je ne suis pas mon émotion. Distinction peu évidente dans notre expérience quand l’intensité de notre ressenti est particulièrement aigüe. Lorsque l’émotion est forte, nous tombons dedans, nous devenons celle-ci. Nous ne pouvons plus voir qui est qui, qui ressent quoi. Faire de l’émotion notre partenaire c’est prendre conscience que je suis plus que mon émotion, que je ne suis pas mon émotion et que je peux ainsi l’accueillir, comme un partenaire.
Ensuite, l’émotion est ma partenaire et pas mon ennemie. L’idée de combattre une émotion négative semble aller de soi. Qui voudrait prolonger ces moments d’inconforts plus ou moins intenses? Pourtant les combattre c’est les renforcer. C’est un des grands enseignement de l’aïki. Poussez contre un mur, celui-ci qui était là et ne demandait rien à personne, se voit soudain dans l’obligation de produire une force inverse à la vôtre et d’intensité égale. La résistance à une force renforce celle-ci. Lutter contre une émotion augmente sa puissance en plus de captiver notre attention. Si j’en fait ma partenaire voire même mon alliée, elle prend une tout autre dimension. Ses effets positifs émergent, le sens du message se révèle et m’invite à m’ouvrir à l’expérience de l’instant. Cueillir la perle de la blessure, apprendre de cette tristesse, de cette colère qui me rappelle que je vis, que je sens, que je ressens.
L’aïkicom et la pleine conscience nous invite à accueillir sans juger et à grandir dans l’expérience sans nous appesantir ni nous échapper.