Cet article fait partie d’une série de réflexions consacrées aux formations appliquant l’aikido à la communication
Les qualités de l’aïkido sont connues: ne pas s’opposer à la force de l’adversaire, restaurer l’harmonie, ne pas répondre à la violence …
Mais est-ce suffisant pour proposer l’aikido en formation ?
Si la métaphore mérite que l’on s’y attarde, elle révèle rapidement ces limites. De même qu’une citation ne change pas notre vision du monde, la métaphore de l’aïkido ne dépassera pas le stade du beau principe s’il n’est pas exploré corporellement et mis en pratique par des exercices adaptés. Et quand bien même ces exercices étaient effectués, ils ne seraient rien d’autres que quelques gesticulations distrayantes si le formateur ne venait proposer des petites corrections qui peuvent faire toute la différence.
Modifier le geste, la porte du changement
Après plus de quarante années de pratique de l’aïkido, j’ai vu des centaines voire des milliers de personnes exécuter les techniques avec plus ou moins d’élégance et d’efficacité. Au fil des heures passées sur les tatamis j’ai appris à observer les pratiquants. Lorsque ce sont des débutants les mouvements sont souvent fort éloignés du mouvement à pratiquer. Corriger les innombrables “erreurs” saturerait l’esprit des pratiquants en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. C’est ainsi que j’ai appris à identifier rapidement, le “défaut” qui, s’il est corrigé, amènera un changement très significatif dans l’exécution du mouvement.
Je découvris avec émerveillement que dans la grande majorité des cas ce “défaut” avait du sens pour la personne dans sa vie de tous les jours. Notez ici que j’ai écrit défaut avec des guillemets parce qu’il ne s’agit à vrai dire pas de défaut mais bien de la rencontre du geste aïki (la technique d’aikido proprement dite) avec l’état corporel de la personne, avec ses tensions, ses raideurs, ses mouvements habituels.
Ces “défauts” se révèlent alors une mine inépuisable d’enseignements pour la personne. Notre corps est une mémoire et nos gestes en sont le langage. Le fondateur de l’aïkido disait qu’apprendre l’aïkido c’était ré-apprendre les mouvements naturels. Nos gestes se sont automatisés (avez-vous déjà essayé de vous brosser les dents avec l’autre main?) et ont inscrit nos expériences dans nos structures musculaires, osseuses et tendineuses.
La rencontre du mouvement d’aïkido avec notre corps en mouvement est un questionnement. En explorant les subtiles variations de nos gestes nous découvrons des sensations nouvelles qui nous ouvrent la porte du changement.
Cette qualité d’observation du formateur est indispensable et nécessite une grande expérience dans la pratique de l’aïkido. Elle ne s’acquiert pas en quelques mois. Sans ces suggestions de modification du mouvement, la personne coachée, le participant à la formation explore l’AïkiCom mais ne reste qu’à la surface. nt. Mais il va sans dire que toutes les variations ne se valent pas. C’est là qu’intervient l’expérience du formateur. Lorsque j’anime une formation AïkiCom, lors d’une séance d’aïki-coaching, je mets mon expérience au service de la personne pour suggérer quelques modifications. Il n’est pas question ici de détenir une quelconque vérité, ni de prétendre forcer la personne à reproduire une gestique semblable en tous points à l’exercice montré. Il s’agit plutôt d’inviter la personne à l’exploration de son expérience personnelle et d’entamer un dialogue sur l’effet produit. Cette expérience est difficile à traduire en mots mais il suffit de le vivre pour en saisir le sens.