L’aïkido, vous connaissez? Art martial japonais non-violent qui utilise l’énergie de l’attaque plutôt que de s’y opposer et ainsi alimenter la spirale de la violence, l’aïkido est une véritable philosophie de vie.
La pratique de l’aïkido, comme la plupart des arts martiaux, exige d’être en bonne condition physique. Nombreux sont ceux qui sont intéressés par les enseignements de cet art martial mais sont réticents à l’idée de s’inscrire dans un dojo d’aïkido. Qu’ils aient découvert l’aïkido sur le tard ou n’aient pas (ou plus) la condition physique adéquate pour une pratique régulière, bien souvent, ce qu’ils appréhendent, c’est l’idée de devoir exécuter ces chutes si spectaculaires à observer mais dont ils redoutent les effets sur leur corps.
Heureusement, il est possible d’envisager une pratique plus douce qui va dans le sens d’une recherche de sensation, de finesse de perception ouvrant la porte à un aïkido qui devient un apprentissage corporel d’un art de vivre.
La pratique de l’aïkido telle qu’on la rencontre dans la plupart des dojos n’est pas incompatible avec cette recherche. L’essentiel est de savoir ce que l’on recherche. Pour beaucoup, la pratique de l’aïkido répond à un autre besoin, celui d’une pratique physique intense et entière, une recherche de perfection de geste, une esthétique du mouvement qui joue la corde de l’exhibition au sens étymologique de montrer, d’exhiber à la vue. C’est dans ce contexte que la chute trouve sa pleine pertinence. La chute, de par sa dimension spectaculaire montre ce que la pratique de l’aïkido ne peut pas montrer. C’est la vitrine de l’aïkido, le point d’orgue du mouvement circulaire amplifié par le hakama, ce pantalon noir, large qui donne cette élégance particulière à l’aïkidoka.
Dès lors que la pratique de l’aïkido se désintéresse de cette dimension d’exhibition, elle peut aisément se passer de la chute. La recherche ne vise plus à démontrer mais à découvrir et cette exploration est personnelle même si elle se pratique à deux.
C’est là sans doute la richesse de l’aïkido sans chute. Elle recentre le pratiquant sur son cheminement mais le maintient dans l’interaction. Le travail à deux est en effet le garant du délicat équilibre entre art martial interne et externe. La recherche reste connectée à la martialité mais le combat n’est plus au centre. Il est le cadre, l’origine, le contexte. il doit rester présent sous peine de transformer la pratique en une danse où ne subsiste que la dimension esthétique mais n’a plus besoin de s’imposer.
L’aïkido sans chute est avant tout une pratique en pleine conscience. C’est pourquoi je lui préfère le nom de pratique de Pleine Conscience par le Mouvement Aïki ou PCMA.
La PCMA n’est peut-être plus vraiment de l’aïkido (c’est du moins ce qu’avancent les partisans de l’aïkido pratiqué couramment) mais il reste éminemment Aïki.
Elle est Aïki dans sa recherche des principes et de l’esprit qui sous-tendent l’art martial créé par Morihei Ueshiba. La PCMA s’inscrit résolument en dehors d’une pratique d’aïkido « sportive », Elle s’inscrit dans l’étude et la pratique consciente du mouvement et du geste.